vendredi 21 décembre 2007

Carte d’identité du Hezbollah

Idéologie du parti :

Une réunion des représentants des principaux groupes islamiques – trois du rassemblement des oulémas du Bekaa, trois du mouvement islamique Amal, trois du comité islamique- élaborent le document des neufs ; « synthèse de réflexion commune approuvée par l’imam Khomeiny », ils décident de se dissoudre pour œuvrer ensemble à la formation du Hezbollah.

Cette union de forces islamiques est fondée sur trois principes de bases :

La foi en l’islam en tant que fondement intellectuel, doctrinale et que guide de la praxis politique.

La résistance contre l’occupation israélienne, source majeure du danger pour le présent et le futur du Liban, cette priorité nécessitait de constituer une structure militaire adéquate.
La loyauté envers la direction du juriste théologien (Al Waly Al Faquih) , héritier du prophète et des imams qui fixe les grandes lignes d’action de la Oumma (communauté des croyants)

La naissance du parti :

Né dans les années 80 représentant une confédération de 13 mouvements islamistes, il regroupait sous la même appellation : « Amal islamique », « le parti Daawa » du cheikh Hussein Fadlallah, les "Gardiens de la Révolution islamique" du cheikh Soubhi Toufeyli, auxquels il convient d’ajouter "Al Tawhid" du cheikh Saïd Chaabane de Tripoli, personnalité sunnite ralliée à Téhéran.

Pendant la campagne de kidnappings de ressortissants occidentaux, essentiellement britanniques, américains et français, qui illustra les années 80, certains analystes se trouvent obligés d’inclure dans la structure du Hezbollah des groupes comme le "Jihad islamique", "l’Organisation de la justice révolutionnaire" ou la "Force des déshérités dans le monde" qui revendiquaient les rapts. En réalité, ces groupes n’existent pas réellement. Soient ils se revendiquent comme des groupes liés au parti du dieu afin de gagner en légitimité, soient ils ne servent que de prête-noms aux entreprises du Hezbollah qui évite ainsi de se dévoiler.

Aujourd’hui, pourtant, nous percevons plus le Hezbollah comme un parti monolithique que sous la forme d’une confédération. Deux raisons expliquent cette évolution. D’une part, sous l’impulsion de l’Iran, le centralisme unificateur des responsables les plus importants a progressivement réduit l’influence des groupes associés au sein du Hezbollah. On remarquera, néanmoins, que le Tawhid de Saïd Chaabane continue de fonctionner de manière autonome, tout en maintenant une allégeance directe à Téhéran. D’autre part, l’évolution du Liban, à la suite des accords de Taëf signés en 1989, marginalisant les milices et les forçant à rendre leurs armes, a obligé le Hezbollah à prendre la forme d’un parti politique

La légitimation du parti :

Sa lutte anti-israélienne après Taëf a donné au Hezbollah sa légitimité. Les campagnes et les opérations israéliennes de 93, 96, 99 et 2000 lui donnent une base légale dans le mémorandum d'avril 96 interdisant les cibles civiles, signé par le Liban, la Syrie, la France, les E.U et Israël. Il est aussi devenu un parti politique légal participant à toutes les échéances électorales, passant des alliances avec des partis laïcs dès lors qu'ils soutenaient la lutte armée contre Israël.

Son implantation sociale passe par le contrôle d'une multitude d'entreprises, d'institutions sociales et de réseaux caritatifs (gestion d'hôpitaux et d'écoles, aide aux étudiants), de reconstructions de bâtiments détruits par les israéliens, et jusqu'à la reconstruction de routes. Par ailleurs, entreprises textiles, alimentaires islamiques, médias (télévision, radios), agences de voyages (pèlerinage) font du Hezbollah le premier employeur du sud de Beyrouth (plus d'un million d'habitants) et l'acteur majeur de l'urbanisation de la paysannerie venue du sud et du nord-est du Liban.

L'organisation civile :

Selon Jean François Daguzan, de la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS), Le Hezbollah est l’exemple d’un parti politique avec un bras armé. C’est une structure complexe dont le sommet est le Conseil du Jihad, formé dans les années 1990 - 1991. Depuis les élections de 1992, le parti est devenu un acteur politique majeur sur la scène politique, il a plusieurs députés à la chambre et il vient d’entrer au gouvernement en 2005, où il est représenté par deux ministres. Il gère de nombreuses associations à caractère social et caritatif parmi lesquelles on peut citer :

L'association el-Jarih (aide aux blessés et handicapés de la guerre contre Israël) : elle assure la rééducation physique et psychologique des blessés et organise leur réinsertion en leur offrant études ou formations professionnelles. Depuis 1989, ce sont ainsi 3 000 blessés et 500 handicapés qui ont été pris en charge. L'association fabrique également les prothèses qui permettent d'appareiller les handicapés par fait de guerre.

L'association el Shahid (le martyr) a pour vocation l'assistance aux familles des membres du parti morts au champ de bataille et celles des prisonniers de guerre. Actuellement, l'association prend en charge 1900 familles qui perçoivent chacune une indemnité mensuelle de $ 200, ainsi que la scolarisation de 1500 enfants pour un coût annuel et par enfant de $ 1500.

L'association Jihad et Binaa, destinée à la reconstruction ou la réhabilitation des sites détruits par les bombardements israéliens.

Le Hezbollah entretient aussi un vaste réseau d'écoles, de dispensaires et d'hôpitaux dont la fréquentation est ouverte à toutes les communautés. gratuitement ou pour un prix symbolique. Une station de radio, une chaîne de télévision et une activité éditoriale complètent le dispositif.

Le financement :

Le Hezbollah ne fournit pas les chiffres de son budget qui a été évalué par des journaux libanais de 20 à 160 millions de dollars par an. Les recettes proviennent de la zakat (l'aumône musulmane obligatoire) mais aussi des dons de particuliers, résident ou non au Liban et des contributions de la Syrie et de l'Iran.

L'activité militaire :

La branche militaire est actuellement considérée comme l'une des unités de guérilla parmi les plus efficaces au monde.

La Résistance islamique, branche militaire initiale du Hezbollah, elle recrute en principe parmi les chiites. Ses effectifs ne sont pas connus mais elle est implantée dans la population et opère en commando : coups de main et embuscades sont ses modules opérationnels habituels.

Les Brigades libanaises de défense ouverte à tous les Libanais, quelles que soient leur confession ou leur conviction, ont été créées en 1997. Selon le secrétaire général du Hezbollah « le recrutement de ces brigades aurait dépassé les espérances et leurs effectifs se situeraient aux environs de 2000 combattants. Du 14 mars 1998 au 9 mars 1999, ces brigades auraient participé à 84 affrontements avec Tsahal mais il semble qu'elles agissent en appui des commandos de la Résistance, leur entraînement n'étant pas encore jugé suffisant ».

Les services de renseignement du Hezbollah s'avèrent très redoutables. Le contre-espionnage a permis de démanteler des réseaux israéliens ou pro israéliens dont les membres ont été déférés à la justice militaire de l'Etat. L'infiltration de l'adversaire se montre également efficace comme l'a montré l'affaire d'Ansarieh où un commando israélien venu de la mer était attendu et a été détruit. Ces services collaborent au demeurant avec les services officiels libanais, qu'ils soient civils ou militaires.

Aucun commentaire: