samedi 5 janvier 2008

La formation des religieux au Liban : diversité culturelle, féodalité traditionnelle ou tour de Babel moderne ?

Qui forme les religieux au Liban? Comment ces personnes deviennent des personnages-clés dans la vie politique et sociale libanaise?

Plusieurs questions se posent sur les institutions et les écoles qui forment ces personnages-clés du paysage sociopolitique oriental. Bien entendu, ces institutions et leurs fonctionnements ne sont pas un secret pour la communauté qu’ils représentent, mais pour les autres c’est un monde secret et fermé d’autant plus qu’il existe au Liban dix-sept communautés religieuses qui possèdent chacune ses propres institutions. Comment ces institutions ont été formées et quels sont les pré-requis pour qu’une personne appartenant à une certaine communauté devienne un élève de ces institutions et qui par la suite se propulsa comme un des représentants religieux de sa communauté.

L’homme religieux occupe une place importante dans la vie des Libanais : en l’absence d’un droit civil, il est le législateur et l’exécuteur de toutes les activités qui touchent à la vie des individus comme le mariage, le divorce ou l’héritage. Mais le paradoxe libanais n’est pas dans cette forme archaïque de gestion dans un pays qui prétend être le précurseur de la modernité dans la région, il est dans la nature et le fonctionnement des institutions religieuses privées qui mêle le religieux et le laïc et qui diffère largement du système officiel laïc.

La première observation de ses institutions tient à leurs diversités : certaines institutions sont considérées comme des universités et, par conséquent, elles sont liées à la direction de l’enseignement supérieur du ministère de l’Education nationale, d’autres peuvent êtres assimilés à des écoles ou des instituts universitaires dont la plupart ont été créés par des partis politico-confessionnels qui n’ont pas jugé nécessaire de les intégrer au système éducatif légal.
La deuxième observation se résume dans le caractère traditionnel de gestion des institutions où il n’existe aucune règle objective de sélection des candidats et aucune concertation avec les institutions communautaires représentatives de chaque groupe religieux.

La troisième observation analyse la question des petites communautés, qui, faute de moyens financiers et démographiques n’ont pas pu faire émerger une classe religieuse moderne laissant le monopole théologique à une minorité traditionnelle détachée de l’évolution de la communauté, c’est le cas des religieux druzes dont les pratiques ressemblent aux méthodes soufistes du VIIIe siècle.

L’une des observations les plus marquantes est le nombre des religieux de certaines communautés par rapport au poids démographique de la communauté : dans certaines communautés, il existe une prolifération des institutions religieuses qui, parfois, tient une idéologie différente de la ligne officielle de la communauté ce qui crée une sorte de sectes au sein même de la communauté d’origine, d’autres au contraire souffrent d’un manque d’institutions ce qui se répercute sur la gestion sociale et religieuse de la vie qui reste dépendante du religieux en l’absence d’un droit civil.

De plus, il existe des disparités flagrantes entre les différentes institutions dans leur rapport à la modernité, certaines institutions deviennent des véritables centre d’enseignement qui donnent un enseignement religieux et scientifique, cette forme a le mérite de rapprocher le citoyen du religieux, car elle donne au religieux une fonction sociale, d’autres institutions restent dans le giron religieux par absence de moyen ou de visibilité ou par simple refus idéologique de la modernité.

On peut se poser la question de la légitimité de cette diversité religieuse surtout que sa finalité n’est pas religieuse, mais politique et je dirais même communautariste, c’est pour cela qu’on est tenté de dire que cette structure est une tour de Babel moderne qui ne contribue pas nécessairement à un dialogue entre les différentes communautés qui forment le pays de cèdres.

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