samedi 12 janvier 2008

BCE : vers la réforme ?

Réformer la Banque Centrale Européenne est devenue la principale préoccupation de certains dirigeants européens, notamment le président français Nicolas Sarkozy. Une réforme financière est certes nécessaire, mais elle doit être entreprise dans le cadre d’une nouvelle approche d’intégration économique.
La formation d’un vrai-faux Conseil des gouverneurs de la Banque Centrale Européenne (ECB Shadow Council) à l’initiative du quotidien financier allemand Handelsblatt, qui a préconisé jeudi dernier le maintien du taux général à 4%, montre bien la perte de légitimité de la principale institution économique européenne. La faiblesse de la croissance économique du Vieux Continent comparée au reste du monde explique en partie ce manque de légitimité. Pour autant, la crise qui secoue les principales institutions européennes reste la conséquence du non français et néerlandais au référendum sur le Traité Constitutionnel Européen.

Le traité simplifié signé lors du Conseil Européen de Lisbonne le 20 octobre 2007, instituant un Président du Conseil Européen à la majorité qualifiée et un Haut Représentant pour les affaires étrangères sous le contrôle du Parlement Européen fait cependant naître un espoir. Il jette les bases d’une entité politique qui pourrait faire émerger une structure supranationale capable de contrôler une institution financière comme la Banque Centrale Européenne.

Certains économistes reprochent à la BCE de limiter sa politique au seul objectif de la maîtrise de l’inflation. L’économiste français Nicolas Bavarez réclame une concertation entre une politique financière de stabilité des prix et une politique budgétaire d’investissement pour relancer la croissance dans la zone euro.

Interrogé sur le nouveau record de l’euro qui a dépassé la barre de 1.41 dollars, le Ministre des Finances belge, Didier Reynders, a déclaré : « je veux que la BCE reste indépendante et qu’elle accepte le débat ». Les dirigeants européens ne contestent pas le statut d’indépendance de la BCE issue d’un accord historique franco-allemand contribuant à sa création, mais ils réclament une cohérence entre la stratégie financière de la banque centrale et les contraintes budgétaires des états membres.

Chargé de réfléchir sur une restructuration des marchés financiers européens, le « Comité Lamfalussy », présidé par Alexandre Lamfalussy, ancien Président de l’Institut Monétaire Européen, s’est penché sur la réforme de la BCE. Le rapport qu’il a publié en 2001 préconise une politique européenne d’investissements sans tomber dans le dirigisme économique, une définition claire de la stabilité des prix ainsi qu’une réelle ouverture à la concurrence des marchés financiers.

La volonté des pays membres de relancer l’entreprise européenne laisse penser que ces mesures finiront par être prises en compte. Reste à savoir si les Etats de l’Union vont poursuivre cette réforme politique et économique. La réponse sera probablement donnée avant le 1er janvier 2009, date fixée par les vingt-sept pour la ratification du nouveau traité.

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